Investissement responsable

Pourquoi l’électricité est la pierre angulaire de plusieurs mégatendances

06 novembre 2024

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Pour la première fois depuis une génération, la demande mondiale d’électricité est en hausse. Alors que de multiples mégatendances simultanées telles que l’intelligence artificielle (IA) et la décarbonisation, dépendent de l’investissement dans les infrastructures électriques, Janice Wong, gestionnaire de portefeuille adjointe (industrie et services publics), Actions mondiales et Massimo Bonansinga, gestionnaire de portefeuille (industrie et services publics), Actions mondiales font valoir que les occasions sont nombreuses pour ceux qui bâtiront les réseaux énergétiques de demain.

Principaux points à retenir

  • La demande imprévue découlant de plusieurs mégatendances, comme l’intelligence artificielle (IA), met l’accent sur un écosystème axé sur l’électricité qui faisait déjà face à des défis complexes pour atteindre les cibles de décarbonisation

  • L’intensification des tensions géopolitiques a entraîné la régionalisation des chaînes d’approvisionnement et le quasi triplement de la construction manufacturière aux États-Unis.

  • La capacité des centres de données devrait croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 10 à 15 % d’ici 2030, et l’IA devrait représenter 19 % de la demande totale d’électricité des centres de données d’ici 2028 (

    Figure 8)1.

«Le potentiel réel de l’électricité ne réside pas dans la fourniture d’équipements sociaux, mais dans la relance du développement économique à long terme.» Christopher Flavin

L’électricité est l’épine dorsale du développement économique. Il n’est donc pas étonnant que bon nombre des mégatendances les plus puissantes d’aujourd’hui convergent vers le thème de l’expansion du thème de l’électricité.

Les cibles de décarbonisation, les objectifs informatiques liés à la numérisation et à l’IA, la régionalisation de la chaîne d’approvisionnement ainsi que le développement économique continu génèrent tous une consommation supérieure. De fait, on considère maintenant que l’électricité est un facteur limitatif dans la progression de ces mégatendances.

D’autres initiatives énergétiques ajoutent à l’impact de la croissance de la consommation, comme la décarbonisation et la transition énergétique, les objectifs de sécurité de l’énergie et de la chaîne d’approvisionnement, et la fiabilité de l’énergie.

Dans l’ensemble, ce sont les forces qui expliquent l’une des mégatendances les plus puissantes et les plus visibles de notre génération : l’expansion du marché de l’électricité.

Actuellement, le défi et l’occasion consistent à construire un réseau électrique qui répondra aux besoins futurs en électricité, au rythme et à l’échelle prévus. Cela nécessitera des investissements, une croissance et une exécution coordonnés dans de nombreux secteurs de l’économie mondiale. L’ensemble des occasions est abondant pour les parties prenantes qui bâtiront ces réseaux, et ces thèmes font partie de ceux intégrés dans les solutions de placement de l’équipe Actions mondiales de BMO Gestion mondiale d’actifs.

La consommation d’énergie est en hausse

Pour la première fois depuis une génération, la demande mondiale d’électricité est en hausse. Depuis 20 ans, la consommation d’électricité aux États-Unis et en Europe est dominée par deux grandes tendances : la désindustrialisation et l’efficacité énergétique. Pendant cette période, la demande d’électricité a ralenti et stagné. Cependant, comme le montre la Figure 1, cette tendance devrait s’infléchir, car les efforts d’électrification, de réindustrialisation et de numérisation entraînent un changement radical de la consommation d’électricité.

Figure 1 : TCAC sur 5 ans de la demande d’électricité aux États-Unis et en Europe

Des graphiques linéaires montrent que la demande d’électricité aux États-Unis et dans l’Union européenne a rebondi au cours de la dernière décennie après une période de déclin prolongée.

Source : U.S. Energy Information Administration (EIA), Ember, Goldman Sachs Global Investment Research.

Pour replacer ces tendances dans leur contexte, l’Agence internationale de l’énergie a indiqué que, d’ici 2026, la consommation mondiale combinée d’électricité des centres de données, des cryptomonnaies et de l’intelligence artificielle pourrait atteindre de 620 à 1 050 térawattheures (TWh), comparativement à une consommation de base de 460 TWh en 20222. Cette augmentation équivaut à ajouter « au moins une Suède ou au plus une Allemagne » au réseau mondial. À ce moment-là, la consommation mondiale d’électricité des centres de données pourrait rivaliser avec celle du Japon.

Par ailleurs, l’électrification, c’est-à-dire le remplacement des applications axées sur les combustibles fossiles par des solutions électriques, se poursuit. Le rythme de cette substitution devrait accélérer, car les économies mondiales adoptent un bouquet énergétique électrique plus propre. Comme le montre la Figure 2, l’électricité représente actuellement 21 % de la consommation mondiale d’énergie. Ce pourcentage est en hausse par rapport aux 18 % de 2015, mais reste en deçà de celui de près de 30 % requis d’ici 2030 pour respecter la trajectoire vers la carboneutralité devant être atteinte d’ici 2050 et définie par l’AIE2.

Figure 2 : Consommation mondiale totale d’énergie par secteur (2023)

Le graphique circulaire présente la consommation mondiale totale d’énergie en 2023 par secteur. Les transports (25 %), l’électricité (21 %) et l’immobilier résidentiel et commercial (18 %) mènent le bal.

Source : S&P Global Commodity Insights, The Williams Companies, BMO Gestion mondiale d’actifs.

Ces tendances s’ajoutent aux demandes énergétiques en croissance découlant de l’urbanisation en cours dans les marchés en développement et de la réindustralisation des économies occidentales.

Globalement, l’AIE indique que la demande mondiale d’électricité, qui a stagné pendant des décennies, passera à un TCAC de 3,4 % d’ici 20262. Plus du tiers de ce changement proviendra uniquement des centres de données et de l’électrification2. Répondre à ce nouveau paradigme de la demande nécessitera des investissements mondiaux et intersectoriels substantiels et coordonnés.

Décarbonisation et transition énergétique

Le Pacte vert européen, « Ajustement à l’objectif 55 » (une composante du Pacte vert visant à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne d’ici 2030) et la U.S. Inflation and Reduction Act sont des clés de voûte du virage mondial vers la décarbonisation. Cette transition énergétique requiert d’importants investissements dans les infrastructures physiques.

En seulement trois ans, les investissements mondiaux dans la transition énergétique ont presque doublé, passant de 934 milliards de dollars américains à près de 1 800 milliards de dollars américains6 (Figure 3.) D’ici 2026 (et pour la première fois depuis 1971), les combustibles fossiles devraient représenter moins de 60 % du bouquet énergétique mondial2. Pourtant, malgré des progrès mesurables, les infrastructures sont loin d’être alignées sur l’objectif de carboneutralité que l’on vise d’ici 2050. Pour réussir, BloombergNEF estime que les dépenses mondiales liées à la transition énergétique devront s’élever à 7 600 milliards de dollars d’ici 20506. Il s’agit d’une occasion importante pour les intervenants de la chaîne de valeur.

Figure 3 : Investissement mondial dans la transition énergétique, par secteur

Le graphique à barres montre que les investissements mondiaux dans la transition énergétique ont presque doublé depuis 2020. Ils s’élèvent à 1,768 milliard de dollars américains en 2023.

Source : BloombergNEF. Remarque : Données du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2023. Les années de début diffèrent d’un secteur à l’autre, mais tous les secteurs sont présents à partir de 2020. Plus particulièrement, les données sur le secteur nucléaire sont illustrées à partir de 2015 et celles sur les réseaux électriques, à partir de 2020. « CSC » désigne le captage et le stockage du carbone.

Les efforts actuels de transition énergétique sont axés sur la décarbonisation du réseau électrique et sur la transition des applications utilisant des combustibles fossiles, comme le transport, le chauffage et la climatisation des immeubles, vers un réseau électrique décarboné.

Une des principales initiatives est l’adoption à grande échelle de l’énergie renouvelable. D’ici 2040, on prévoit que les énergies renouvelables, telles que l’énergie éolienne et solaire, représenteront 45 % du bouquet énergétique, contre 20 % aujourd’hui 9. Ce changement dans le bouquet énergétique a des répercussions profondes sur l’ensemble du complexe énergétique, nécessitant non seulement une capacité de production supplémentaire, mais aussi des investissements considérables dans des réseaux plus grands, plus intelligents et bidirectionnels, ainsi qu’une capacité auxiliaire nettement plus élevée. La complexité croissante entraîne des gains de contenu et une croissance du marché potentielle pour les fournisseurs de solutions électriques.

De plus, en raison de l’intermittence élevée inhérente aux énergies renouvelables, de l’énergie renouvelable et de réserve doit être ajoutée à plusieurs sources d’énergie traditionnelles pour tenir compte des facteurs de charge inférieurs. Bernstein Research suggère qu’en l’absence de systèmes de stockage d’électricité importants, une capacité renouvelable 2 à 3 fois supérieure doit être ajoutée pour chaque unité de capacité des combustibles fossiles remplacée (Figure 4). McKinsey & Company estime que la production d’électricité aux États-Unis doit augmenter de 40 % à 160 % entre 2021 et 2040 afin de fournir suffisamment d’énergie de réserve pour répondre aux besoins en matière de fiabilité et de consommation10.

Figure 4 : Pour remplacer un seul mégawatt (MW) de production d’énergie à partir de combustibles fossiles, il faut deux à trois fois plus de capacité électrique

Le graphique à barres montre qu’il faut ajouter deux à trois fois la capacité renouvelable pour chaque unité de capacité fossile déplacée.

Source : Stout, analyse de Bernstein.

Les petits réacteurs modulaires nucléaires, l’hydrogène et les biocarburants sont des solutions de rechange à faibles émissions de carbone prometteuses qui offrent un potentiel de développement et d’investissement.

Aujourd’hui, les transports ainsi que le chauffage et la climatisation des immeubles représentent plus de 40 % de la consommation mondiale d’énergie, de sorte que la réduction de l’empreinte carbone de ces marchés est essentielle à la transition énergétique10, ce qui favorise l’adoption accélérée des véhicules électriques (VE) et des thermopompes. En Europe seulement, l’AIE estime que 9 millions de nouveaux VE et 11 millions de nouvelles thermopompes électriques seront ajoutés d’ici 20262. Au niveau des infrastructures, des investissements complémentaires dans les infrastructures de recharge, la modernisation du réseau et l’expansion de la capacité sont nécessaires pour faciliter la transition vers les VE.

Sécurité énergétique et de la chaîne d’approvisionnement

La sécurité énergétique et de la chaîne d’approvisionnement a fait l’objet d’un nouvel examen après plusieurs années de perturbations commerciales élevées, notamment à cause des conflits géopolitiques, des guerres commerciales et d’une pandémie mondiale. À tout le moins, les perturbations ont été coûteuses et dérangeantes, mais le manque d’accès aux matériaux essentiels comme les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques est également devenu une préoccupation de sécurité nationale. Les pays ont réagi en réorientant le commerce mondial de l’énergie, et les sociétés en régionalisant les chaînes d’approvisionnement. Ces deux réponses ont déclenché des investissements dans les infrastructures, y compris l’énergie.

La Russie représentait autrefois 45 % de l’offre gazière européenne, mais ce commerce a été considérablement réduit depuis son invasion de l’Ukraine13. À la place de la Russie, des pays comme les États-Unis et le Qatar ont accéléré le développement des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) et les États-Unis se sont depuis imposés comme le plus grand exportateur de GNL au monde. Comme le montre la Figure 5, les investissements en cours dans le GNL permettront de répondre aux besoins immédiats liés aux transports en Europe, mais aussi aux besoins de croissance et de décarbonisation à long terme en Asie. La moitié des émissions de gaz à effet de serre (GES) correspond à l’empreinte carbone du charbon, et le GNL est un carburant de transition essentiel sur la voie mondiale vers la carboneutralité.

Figure 5 : Prévisions en matière d’offre et de demande mondiale de GNL

Le graphique présente la hausse de la demande mondiale de gaz naturel liquéfié depuis 2006 ainsi que les quantités produites par les principaux exportateurs, notamment les États-Unis, l’Australie et le Qatar.

Source : Cheniere, mai 2024.

Le secteur manufacturier mondial a réagi aux récentes tensions commerciales en contrant des décennies de mondialisation au profit de la régionalisation et de la délocalisation dans des pays proches. Ces changements stimuleront la demande d’électricité dans certaines régions. Les États-Unis en particulier connaissent une période de réindustrialisation, comme en témoigne le fait que les dépenses de construction manufacturière ont presque triplé au cours des dernières années (Figure 6). Ces investissements bénéficient de soutien financier et législatif d’initiatives fédérales comme l’Inflation Reduction Act et la CHIPS and Science Act des États-Unis.

Figure 6 : Dépenses de construction du secteur manufacturier aux États-Unis, signe des tendances de rapatriement

Un graphique linéaire présente la hausse des dépenses de construction dans le secteur manufacturier américain depuis 2004, dont une hausse importante en 2021 et en 2022.

Source : U.S. Census Bureau, Bloomberg, BMO Gestion mondiale d’actifs, avril 2024.

Initiatives en matière de fiabilité

Les changements projetés dans la demande, l’offre, le bouquet énergétique et la complexité des réseaux sont significatifs, mais ils constituent des contraintes planifiées sur le complexe énergétique. Les réseaux du futur doivent également tenir compte d’un éventail plus large d’événements imprévus, notamment l’évolution des conditions météorologiques et de la fréquence des événements météorologiques extrêmes; la dépendance croissante aux conditions météorologiques de l’offre et de la demande; le risque d’attaques physiques et de cyberattaques sur les réseaux électriques; et les problèmes techniques découlant du vieillissement des infrastructures. Des investissements sont nécessaires pour adapter les infrastructures existantes à l’évolution des conditions environnementales.

Les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents et coûteux. Par exemple, les données ajustées en fonction de l’inflation des National Centres for Environmental Information américains suggèrent que les catastrophes d’un milliard de dollars qui se produisaient habituellement une ou deux fois par an en Caroline du Nord se produisent maintenant six ou sept fois par an. De fait, l’ouragan de catégorie 4 Helene a été le troisième ouragan en 13 mois à frapper la région Big Bende, en Floride, une région qui, auparavant, n’avait pas été touchée par un ouragan depuis des décennies14.

Les investissements liés à la fiabilité, comme la diversification énergétique, les interconnexions électriques régionales, l’enfouissement des lignes électriques, les systèmes de gestion de l’énergie et la modernisation/numérisation du réseau, sont des éléments de plus en plus importants de la planification du réseau. Ils ajoutent du contenu et de la complexité aux besoins d’investissement dans les capacités sous-jacentes.

Perspectives sectorielles et occasions de placement

Secteur

Principaux participants dans les tendances en matière d’électrification

Consommation discrétionnaire

Producteurs et chaîne d’approvisionnement de VE, concepteurs de solutions de recharge bidirectionnelle vers un réseau de distribution électrique (V2G) et de recharges bidirectionnelles à un réseau domestique (V2H), catalyseurs de l’efficacité énergétique des immeubles

Énergie

Producteurs de gaz naturel, chaîne de valeur des gaz industriels et de la chimie liée à l’hydrogène, concepteurs d’électrolyseurs, fournisseurs et catalyseurs d’infrastructures

Industrie

Fournisseurs de composants électriques, fabricants de câbles électriques, fabricants d’équipement de production d’électricité, fournisseurs de services de gestion de l’énergie, fournisseurs de stockage d’énergie, fabricants d’équipement de recharge pour VE et centrales électriques, réseaux électriques et entrepreneurs de pipelines

Matières premières

Sociétés du secteur des ressources fournissant des matières premières pour l’électrification, comme le lithium, le nickel, le graphite, l’uranium et le cuivre

Technologies

Exploitants de centres de données

Services publics et infrastructures énergétiques

Services publics d’électricité, exploitants de réseau, fournisseurs d’infrastructures de gaz naturel, fournisseurs de stockage d’énergie, promoteurs d’énergies renouvelables, promoteurs de solutions de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) et fournisseurs de services de gestion de l’énergie et de réseau intelligent

Consommation discrétionnaire

L’électrification est à l’origine de la profonde restructuration de l’industrie automobile d’aujourd’hui, les ventes mondiales de véhicules électriques ayant dépassé les attentes au cours des dernières années, malgré le récent ralentissement en Europe et aux États-Unis à cause des perturbations liées aux politiques. À court terme, la plupart des constructeurs automobiles traditionnels pourraient souffrir de marges minces au début de l’électrification de leur portefeuille de produits. Cependant, à long terme, les VE devraient représenter la part du lion du parc mondial, compte tenu des progrès rapides vers la parité des coûts et des avantages inhérents en tant que plateforme d’interaction entre l’être humain et la machine.

L’électrification aura également une incidence sur les consommateurs en raison des besoins des immeubles résidentiels. L’EIA estime qu’une maison entièrement électrique consomme 127 % plus d’électricité qu’une maison traditionnelle, ce qui se traduit par un contenu électrique plus élevé par maison15. De plus, la concurrence pour l’électricité devrait encourager les initiatives d’efficacité énergétique des bâtiments. Les catalyseurs favorisant l’efficacité énergétique des bâtiments devraient en bénéficier, y compris les fournisseurs d’équipement de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVCA), de thermopompes, d’isolation des immeubles, de contrôles des bâtiments, de systèmes de gestion de l’énergie et de systèmes de stockage de l’énergie.

Énergie

On considère le gaz naturel est un lien vers la décarbonisation, surtout dans les pays qui dépendent toujours fortement du charbon comme source d’énergie pour produire de l’électricité. Le gaz naturel a une empreinte carbone deux fois moins importante que celle du charbon et profitera de l’augmentation de l’intensité électrique.

Par ailleurs, des solutions de rechange en matière d’énergie propre, comme l’hydrogène, les petits réacteurs modulaires nucléaires et les biocarburants, continuent d’être explorées et développées.

Industrie

En tant que catalyseurs physiques des mégatendances énergétiques, les sociétés industrielles sont les principales bénéficiaires des forces à l’œuvre à long terme. Les sociétés industrielles comprennent les fournisseurs de composants électriques, les fabricants et les entrepreneurs de câbles électriques, les fabricants d’équipement de production d’électricité, les fournisseurs de services de gestion de l’énergie, les fabricants d’équipement de recharge pour VE et les promoteurs d’infrastructures énergétiques.

Les perspectives favorables du secteur reposent premièrement sur la hausse de la consommation, qui stimule l’investissement dans les capacités, et deuxièmement sur le multiplicateur de la demande découlant de considérations de fiabilité, d’intermittence et de distribution des réseaux. Les entreprises d’électricité sont bien positionnées pour une croissance durable de la demande. Cependant, la capacité est une contrainte. La main-d’œuvre, la disponibilité des composants et les permis sont des goulots d’étranglement courants. Cela dit, le contexte est favorable à une croissance visible dans un cycle prolongé bénéficiant d’un solide pouvoir de fixation des prix.

Matières premières

Le secteur des matières premières joue un rôle crucial dans le processus d’électrification en fournissant les minéraux nécessaires aux technologies d’énergie renouvelable et au réseau électrique. Les technologies renouvelables comme les éoliennes, les panneaux solaires et l’énergie nucléaire ont besoin de deux à huit fois plus de minéraux que la production traditionnelle d’énergie. Les batteries de VE dépendent fortement de matières premières comme le lithium, le nickel, le graphite et le cuivre. La demande de certaines matières premières, comme le lithium, pourrait dépasser plusieurs fois l’offre actuelle du marché d’ici la fin de la décennie, tandis que la demande de cuivre pourrait augmenter considérablement (de 15 à 20 %) d’ici 2030. L’offre de cuivre, par contre, fait face à des défis pour répondre à la hausse de la demande, car la qualité est structurellement en baisse et de nombreuses mines sont situées dans des zones géopolitiques plus difficiles.

Figure 7: Intensité en cuivre de différentes sources d’énergie

Un graphique à barres présente l’intensité en cuivre de diverses sources d’énergie. L’énergie éolienne en mer, l’énergie éolienne sur terre et l’énergie solaire photovoltaïque mènent le bal.

Source : AIE 2021.

Technologies

Le secteur des technologies connaît actuellement un cycle de placement massif lié à l’IA, qui a été le moteur sous-jacent de la demande pour les centres de données. La capacité des centres de données devrait atteindre un TCAC de 10 % à 15 % d’ici 2030, un plus grand nombre d’entre eux faisant la transition vers l’IA, dont l’intensité énergétique est de 4 à 5 fois supérieure à celle des centres de données traditionnels9. Des recherches de Goldman Sachs indiquent que les centres de données utiliseront 8 % de l’énergie des États-Unis d’ici 2030, comparativement à 3 % en 2022, et que l’IA devrait représenter 19 % de la demande totale d’électricité des centres de données d’ici 2028 (Figure 8)1. L’accès à l’énergie est l’un des points de contrôle potentiels qui pourraient limiter la croissance des centres de données régionaux reposant sur l’IA.

Figure 8 : Prévisions de Goldman Sachs en matière de demande d’électricité des centres de données

Le graphique présente la hausse historique et estimative de la demande d’électricité pour les centres de données, qui devrait atteindre 1 000 térawatts-heures (TW h) d’ici 2030.

Source : Masanet et al. (2020), Cisco, IEA, Goldman Sachs Research.

Nous considérons que le cycle de placement de l’IA est généralisé et s’étend sur plusieurs années. Les centres de données à très grande échelle, qui sont des fournisseurs de services capables d’adapter leur architecture à la demande accrue, continuent de dépenser pour développer leurs propres applications internes d’intelligence artificielle et pour construire des infrastructures qu’ils peuvent louer à d’autres. Le cycle de placement dans l’IA a été dominé par les dépenses dans les centres de données, et Amazon à elle seule devrait dépenser 150 milliards de dollars au cours des 15 prochaines années. Microsoft, Alphabet (Google) et Meta emboîtent le pas et augmentent leurs budgets de dépenses en immobilisations pour soutenir cette construction d’infrastructures d’intelligence artificielle. Ces sociétés doivent investir dans le présent cycle, sinon elles risquent de prendre du retard dans la nouvelle ère de l’informatique axée sur l’intelligence artificielle.

De plus, les clients prennent de l’expansion au-delà des centres de données traditionnels. La nouvelle demande provient de pays du monde entier qui investissent dans l’IA souveraine en renforçant les capacités informatiques nationales afin de créer des applications d’IA au moyen de données et de secteurs clés nationaux. Les gains de productivité découlant des applications d’IA en sont à l’origine, et presque tous les secteurs ont noté d’importantes améliorations de la productivité grâce à leurs applications pilotes et commerciales basées sur l’IA.

La demande de puissance informatique augmente considérablement, ce qui signifie que sa consommation d’énergie augmente également. Étant donné les limites de la production d’énergie en tant que ressource, les sociétés s’efforcent d’axer leurs calculs vers l’efficacité énergétique au détriment du rendement. Chaque nouvelle génération de puces permet généralement d’obtenir un rendement supérieur et une meilleure efficacité électrique. Cependant, dans l’ensemble, l’utilisation accrue de l’IA fera cependant augmenter la consommation totale d’électricité. Par exemple, les nouvelles unités de traitement graphique (GPU) B200 de Nvidia réduisent la consommation d’énergie jusqu’à 25 fois pour une GPU H10018. Lorsqu’on examine les scénarios d’utilisation de l’IA, une seule requête ChatGPT exige actuellement 2,9 wattheures d’électricité, comparativement à 0,3 wattheure pour une recherche traditionnelle dans Google, selon l’AIE. Compte tenu de la demande importante et de la possibilité d’appliquer l’intelligence artificielle à chaque secteur, la consommation d’électricité requise pour les centres de données augmentera considérablement par rapport à leurs 1 à 2 % actuels de la consommation mondiale d’électricité1.

Services publics et infrastructures énergétiques

Les sociétés de services publics et d’infrastructures énergétiques sont des catalyseurs d’énergie et devraient profiter de la hausse de la capacité et des besoins d’investissement. Ces sociétés comprennent les services publics d’électricité, les exploitants de réseau, les fournisseurs d’infrastructures de gaz naturel, les fournisseurs de stockage d’énergie et les promoteurs d’énergie renouvelable. Le double objectif de décarbonisation et d’électrification crée également des occasions en matière de captage, d’utilisation et de stockage du carbone. De plus, certains fournisseurs de services offrant peu d’actifs pour les réseaux intelligents et la gestion de l’énergie devraient profiter du fait qu’ils facilitent la transition.

À elle seule, National Grid met en œuvre un plan d’investissement sur 5 ans de 60 milliards de livres sterling, soit le double de son taux d’investissement tendanciel20. Ces investissements visent à étendre les réseaux électriques au Royaume-Uni et dans le nord-est des États-Unis afin de favoriser les tendances en matière de numérisation, d’électrification et de décarbonisation.

L’ampleur des investissements requis peut créer de nouvelles occasions commerciales, comme la collaboration directe avec des centres de données à très grande échelle.

Les occasions de déploiement du capital augmentent. Le positionnement optimal dépendra de la capacité à en tirer parti au moyen du positionnement régional, de l’intensité carbonique et des structures de rémunération.

Conclusion

La croissance marquée de l’IA et des centres de données n’est que la plus récente mégatendance qui accélère la demande d’électricité, ce qui pèse encore davantage sur les infrastructures énergétiques qui étaient déjà éprouvées par la transition énergétique et la décarbonisation. La modernisation et le renforcement du réseau électrique pour répondre aux besoins actuels et permettre une croissance future comporteront des investissements coordonnés et une exécution dans l’ensemble des secteurs et des régions. Étant donné que la consommation d’électricité augmente maintenant après 20 ans de stagnation, l’expansion du marché de l’électricité et le besoin de résilience représentent une occasion de placement potentiellement importante.

Perspectives

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sources

1« AI is poised to drive 160% increase in data center power demand », Goldman Sachs, 14 mai 2024.

2Electricity 2024: Analysis and forecast to 2026, International Energy Agency, janvier 2024.

2Electricity 2024: Analysis and forecast to 2026, International Energy Agency, janvier 2024.

2Electricity 2024: Analysis and forecast to 2026, International Energy Agency, janvier 2024.

2Electricity 2024: Analysis and forecast to 2026, International Energy Agency, janvier 2024.

6« Energy Transition Investment Trends 2024 », Bloomberg.

2Electricity 2024: Analysis and forecast to 2026, International Energy Agency, janvier 2024.

6« Energy Transition Investment Trends 2024 », Bloomberg.

9« The Electric Butterfly Effect, » Bernstein Research.

10Conférence téléphonique sur les résultats du premier trimestre de 2024 de Williams, Williams, 7 mai 2024.

10Conférence téléphonique sur les résultats du premier trimestre de 2024 de Williams, Williams, 7 mai 2024.

2Electricity 2024: Analysis and forecast to 2026, International Energy Agency, janvier 2024.

13« In focus: EU energy security and gas supplies », Commission européenne, 15 février 2024.

14Lauren Rosenthal, Brian K Sullivan et Christopher Cannon, « Extreme Weather Disasters Have Touched Every Corner of US, » Bloomberg, 3 octobre 2024.

15« Talking Grid : Takeaways from ETB, AZPN and HUBB Calls », Bank of America.

9« The Electric Butterfly Effect, » Bernstein Research.

1« AI is poised to drive 160% increase in data center power demand », Goldman Sachs, 14 mai 2024.

18Ian King, All About Nvidia Chips, AI Hype and What Lies Ahead, Bloomberg, 17 septembre 2024.

1« AI is poised to drive 160% increase in data center power demand », Goldman Sachs, 14 mai 2024.

20« Investing for growth », National Grid, consultation le 18 septembre 2024.

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Date de publication : Novembre 2024