Investissement responsable

Pourquoi les investisseurs doivent se soucier de la biodiversité

15 février 2023

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Aperçu :

  • La biodiversité fait partie intégrante de la capacité de l’humanité à survivre et à prospérer sur notre planète. L’extraction des ressources et la surutilisation de nos écosystèmes au cours des 50 dernières années menacent toutefois la stabilité de nos économies et de nos sociétés. Le Forum économique mondial a déterminé que le déclin de la biodiversité se classe au troisième rang de la liste des risques pour l’économie mondiale au cours des 10 prochaines années.

  • En décembre 2022, des leaders mondiaux se sont réunis à Montréal à l’occasion de la 15

    e

    Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) pour s’engager à mettre fin à la perte de biodiversité. Nous étions sur le terrain pendant cette conférence. Dans ce document, nous discutons des éléments inclus et omis dans le Cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité qui en ont découlé et des conséquences pour les entreprises, leurs investisseurs et l’environnement.

  • Les investisseurs peuvent exercer leur influence à l’appui de résultats positifs pour l’environnement en préconisant des normes et des politiques d’entreprise mondiales rigoureuses en matière de biodiversité. Nous discutons des mesures prises par BMO Gestion mondiale d’actifs, de l’importance du lien entre le climat et la biodiversité et des raisons pour lesquelles nous croyons qu’un nouveau cadre mondial de production de rapports qui passe des facteurs ESG à la durabilité peut contribuer à changer les choses.

Biodiversité

Une nouvelle époque géologique, connue sous le nom d’« ère des humains », menace l’écosystème de la planète. La biodiversité est un système complexe et interrelié de terres, d’océans, de flore et de faune qui assure la stabilité de notre climat et de tous les êtres vivants. Sur des milliers d’années, cette stabilité nous a permis de cultiver des terres, de mettre au point des médicaments, de tenir des événements culturels, de bâtir des villes et d’explorer de nouvelles régions de notre monde. Cependant, au cours des 50 dernières années, notre population a doublé, l’économie mondiale a quadruplé et le commerce mondial s’est multiplié par dix. De plus, l’humanité a exploité des ressources de manière non durable pour stimuler la croissance mondiale au détriment de la biodiversité.

Voici quelques statistiques stupéfiantes :

75 % de la surface terrestre et 66 % des océans ont été considérablement altérés par les humains.

23 % des terres ont connu une baisse de productivité en raison de la déforestation, de la pollution et de la hausse des températures.

Une espèce sur quatre sur notre planète est menacée d’extinction.

Un million d’espèces sont menacées d’extinction, à moins que nous ne freinions les facteurs de perte de biodiversité.

Plus de la moitié du PIB mondial est lié à l’environnement.

Le Rapport sur les risques mondiaux de 2023 du Forum économique mondial place la perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes au troisième rang de la liste des risques pour l’économie mondiale au cours des 10 prochaines années. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en 2011, le monde perdait de 4 à 20 billions de dollars américains par année liés aux services écosystémiques en raison de changements dans la couverture terrestre, comme la déforestation ou la désertification, et de 6 à 11 billions de dollars américains par année en raison de la dégradation des terres. Ces données justifient les arguments économiques et commerciaux en faveur de la prise de mesures positives pour l’environnement.

La biodiversité est également une préoccupation croissante pour une génération plus jeune d’investisseurs : elle est importante pour 50 % des millénariaux, comparativement à 28 % des investisseurs plus âgés.

Si le monde s’engage à prendre des mesures positives pour l’environnement dès maintenant, nous pourrons stopper et inverser le déclin de la biodiversité d’ici la fin de la décennie.

COP15

Des efforts internationaux visant à lutter contre la perte de biodiversité sont en place depuis longtemps. En effet, le traité multilatéral de la Convention sur la diversité biologique (CDB) est entré en vigueur en 1992. Après des années de préparation et deux semaines de négociations intenses, la COP15 de 2022, présidée par la Chine et tenue à Montréal, a donné lieu à un accord historique indispensable pour la sauvegarde de la biodiversité. Des membres de l’équipe Investissement responsable de BMO Gestion mondiale d’actifs ont participé à la conférence en personne et ont été aux premières loges d’un accord monumental qui guidera nos actions et notre engagement à l’égard de la biodiversité.

Voici ce qui a été intégré à l’accord :

Nous avons été fiers de voir le Cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité être entériné lors du dernier jour des négociations. Il comprend 23 objectifs à atteindre d’ici 2030, notamment :

  • Cible 2 : Conservation et intendance d’au moins 30 % des terres, des zones côtières et des océans.

  • Cible 15 : Prendre des mesures stratégiques pour encourager les entreprises (institutions transnationales et financières) à surveiller et à divulguer les risques et les répercussions liés à la biodiversité dans leurs activités, leurs chaînes d’approvisionnement et leurs portefeuilles.

  • Cible 16 : Réduction du gaspillage alimentaire mondial de 50 %.

  • Cible 18 : Supprimer ou réformer graduellement les subventions qui nuisent à la biodiversité d’au moins 500 milliards de dollars par année et accroître les incitatifs positifs liés à la conservation et à la durabilité.

  • Cible 19 : Augmentation des flux de capitaux liés à la biodiversité provenant des secteurs public et privé à 200 milliards de dollars par année et acheminement de 30 milliards de dollars par année des pays développés vers les pays en développement.

  • Cible 22 : Garantir aux peuples autochtones, aux collectivités locales, aux femmes, aux filles et aux défenseurs des droits de la personne un accès équitable aux échanges et à la prise de décisions en matière de biodiversité et aux avantages qui en découlent.

D’ici 2030 : Conservation et intendance d’au moins 30 % des terres, des zones côtières et des océans.

Ce qui n’a pas été inclus dans l’accord :

  • Cible 15 : Le texte original exigeait que les sociétés soient

    tenues de surveiller et de divulguer les risques et les répercussions liés à la biodiversité. L’objectif a été rendu moins ambitieux. Les entreprises sont encouragées à divulguer ces renseignements; ce n’est plus une exigence.

  • Même si l’alimentation et l’agriculture sont les principaux moteurs de la perte de biodiversité, ces secteurs n’ont pas reçu d’attention particulière.

  • Les préoccupations de certains pays en développement au sujet de la nécessité d’un fonds mondial distinct pour aider à la mise en œuvre des engagements ont été ignorées par les pays développés.

  • Les peuples autochtones ont souligné la nécessité de cibles plus agressives, d’un accès à du financement pour leurs collectivités et d’une reconnaissance claire et officielle du respect de leurs droits fonciers et de l’intendance connexe. Certains détracteurs de l’accord sur la biodiversité ont également

    sonné l’alerte

    en indiquant que la cible « 30 % d’ici 2030 » pourrait être utilisée pour éroder les droits des Autochtones sous le couvert de la conservation.

Le secteur des affaires et des finances a joué un rôle clé à la conférence et sera essentiel pour atteindre les nouvelles cibles du cadre au cours des prochaines années, malgré les ambitions refroidies du 15e objectif. Nous nous attendons à ce que l’accord accélère la demande déjà croissante des investisseurs dans les entreprises d’augmenter la production de rapports sur la biodiversité. En plus de stimuler de nouvelles réglementations, subventions et mesures incitatives, les 23 cibles pour 2030 contribueront à mobiliser les investisseurs et les entreprises et à créer un cadre plus uniforme pour les mesures qu’ils prennent en matière de biodiversité.

Voici d’autres développements importants annoncés pendant la COP15 :

L’ISSB élargit l’établissement de ses normes comptables en matière de durabilité. L’un des points saillants de la COP15 a été l’annonce de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) de la fondation des Normes internationales d’information financière (IFRS). En effet, l’ISSB compte s’orienter vers une approche fondée sur l’importance relative double, ce qui signifie que l’établissement de ses normes comptables générales tiendra compte à la fois des répercussions des enjeux sociaux et environnementaux sur les résultats d’une entreprise et des répercussions de ses activités sur les peuples et la planète. Apprenez-en plus sur ce que signifie une approche fondée sur l’importance relative double ici. De plus, l’ISSB peaufinera sa norme de communication de l’information liée aux changements climatiques afin d’inclure des considérations relatives aux écosystèmes naturels et à une transition équitable. Il collaborera avec le Groupe de travail sur l’information financière relative à l’environnement afin de penser le lien entre le climat et la biodiversité. Nous croyons qu’il s’agit d’un développement essentiel qui fait passer la création de valeur financière au-delà d’une perspective ESG fondée uniquement sur le risque à une orientation globale axée sur les résultats durables. Nous avions déjà préconisé cette évolution dans notre soumission à l’ISSB en réponse à la consultation initiale.

Nature Action 100+ – Le prélancement de cette initiative de mobilisation collaborative des investisseurs attendue depuis longtemps a eu lieu lors de la COP15. Cette initiative fait écho au cadre de Climate Action 100+, la plus importante collaboration d’investisseurs au monde en lien avec les changements climatiques, et met l’accent sur la lutte contre le déclin environnemental et celui de la biodiversité. BMO Gestion mondiale d’actifs a manifesté son intérêt à participer à l’initiative après son lancement officiel.

Maintenant que le cadre sur la biodiversité et ses cibles pour 2030 ont été établis, il incombe aux gouvernements d’élaborer des politiques qui tiendront leurs pays responsables et forceront des changements équitables au profit de la biodiversité. Ils doivent également faire preuve de transparence dans leur approche. Il incombe également aux entreprises de redéfinir leur empreinte écologique au moyen d’une approche axée sur l’environnement, de faire le point sur les ressources naturelles qu’elles utilisent et d’élaborer un plan pour que le tout soit durable. De plus, il incombe aux investisseurs de promouvoir des politiques responsables, de mobiliser les entreprises afin d’encourager les engagements et les mesures à l’égard de la biodiversité, et de développer des occasions d’investissement favorables à la biodiversité afin de combler l’écart de financement mondial en la matière.

Il incombe aux entreprises de redéfinir leur empreinte écologique au moyen d’une approche axée sur l’environnement, de faire le point sur les ressources naturelles qu’elles utilisent et d’élaborer un plan pour que le tout soit durable.

Le rôle des investisseurs

On peut lier presque toutes les entreprises à l’un des principaux facteurs de perte de biodiversité : l’exploitation forestière, les récoltes, la pêche, la pollution et les changements climatiques. Les investisseurs ont l’occasion de changer les choses en encourageant les entreprises détenues à :

  1. Évaluer et comprendre leur incidence et leur dépendance à l’égard des ressources naturelles;

  2. Prendre en compte l’environnement dans la gestion et la prise de décisions d’affaires;

  3. Harmoniser leurs pratiques avec celles préconisées par le Groupe de travail sur l’information financière relative à l’environnement concernant la façon de produire des rapports sur la gouvernance, la gestion, les répercussions et les mesures à prendre pour atténuer la perte de biodiversité et obtenir des résultats positifs pour l’environnement.

Les recommandations du groupe de travail susmentionné sont similaires à celles proposées par le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques. Bien qu’il soit récent, le cadre de travail de ce groupe est rapidement en train de devenir une référence en matière de meilleures pratiques.

L’un des cinq principaux sous-thèmes de l’approche de BMO Gestion mondiale d’actifs en matière de lutte contre les changements climatiques est le suivant : « Protéger notre capital naturel ». Selon le Forum économique mondial, plus de la moitié du PIB mondial dépend modérément ou fortement de l’environnement et des services connexes. De plus, la nature et le climat sont inextricablement liés : 15 % des émissions de carbone à l’échelle mondiale découlent de la déforestation et de la dégradation des forêts. Sans un écosystème qui fonctionne bien, notre planète est incapable d’absorber les répercussions des changements climatiques, ce qui représente des risques pour l’économie et la société. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la conservation et la restauration des forêts et des écosystèmes comptent parmi les options d’atténuation des changements climatiques les plus rentables et sont nécessaires pour atténuer les répercussions connexes. En fait, le rétablissement de la biodiversité est une solution directe pour contrer les changements climatiques, car les écosystèmes, comme les mangroves, les forêts de varech et les forêts tropicales, absorbent et utilisent naturellement le carbone de notre atmosphère.

L’indice de référence de 2022 sur l’environnement de la World Benchmarking Alliance (WBA) a analysé plus de 400 sociétés mondiales et a constaté que seulement 5 % d’entre elles ont évalué l’incidence de leurs activités sur la nature et la biodiversité. De plus, moins de 1 % de ces sociétés comprennent à quel point leurs activités dépendent de l’environnement et de ses services écosystémiques. Il est évident que le nouveau cadre sur la biodiversité et les objectifs pour 2030 découlant de la COP15 peuvent contribuer à sensibiliser les gens.

L’absence d’exigences en matière de communication de l’information, de méthodes d’évaluation et de normes de production de rapports dans les entreprises a toujours fait en sorte qu’il est difficile pour les investisseurs de comprendre leur position face aux risques liés à la biodiversité dans l’ensemble de leurs portefeuilles. C’est pourquoi nos engagements avec les sociétés détenues ont jusqu’à présent été axés sur l’obtention de meilleures données. Dans cette optique, nous les encourageons à participer au processus de collecte de données du Carbon Disclosure Project (CDP). En novembre 2022, le CDP comprenait pour la première fois des données sur la biodiversité, ciblant plus de 8 850 entreprises partout dans le monde. Le CDP recueille maintenant des données sur le climat, les forêts et l’eau auprès des entreprises et les rend accessibles aux investisseurs pour que des comparaisons puissent être effectuées.

Approche de BMO Gestion mondiale d’actifs

En plus de nos efforts de mobilisation pour encourager la communication de l’information par l’intermédiaire du CDP, nous participons activement à l’initiative FAIRR, un réseau d’investisseurs qui met l’accent sur les risques ESG dans le secteur alimentaire mondial. Les sujets de mobilisation comprennent les solutions de rechange en matière de protéines, l’agriculture durable, les changements climatiques et la biodiversité. À l’avenir, nous prévoyons collaborer avec les nombreux investisseurs du plan Nature Action 100+, et participer à la nouvelle initiative axée sur l’environnement des Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies.

En 2022, en collaboration avec notre service de mobilisation et de vote reoMD, nous avons lancé une nouvelle stratégie de vote par procuration pour nous attaquer aux entreprises réticentes à l’échelle mondiale en matière de déforestation. Par conséquent, en 2022, nous avons refusé notre soutien à 11 conseils d’administration de sociétés internationales fortement exposées aux risques liés à la biodiversité qui n’avaient pas une stratégie suffisamment ferme pour réduire leur contribution au déclin environnemental.

Nous avons refusé notre soutien à des conseils d’administration de sociétés internationales fortement exposées aux risques liés à la biodiversité qui n’avaient pas une stratégie suffisamment ferme pour réduire leur contribution au déclin environnemental.

Nous soutenons également l’élaboration de politiques qui peuvent contribuer à stopper la perte de biodiversité. En 2022, nous avons appuyé la loi américaine Fostering Overseas Rule of Law and Environmentally Sound Trade (FOREST), un projet de loi bipartite qui vise à interdire l’entrée sur le marché américain de marchandises provenant de terres déboisées illégalement.

Nous prévoyons que la biodiversité deviendra un sujet d’actualité au cours des prochaines années, à mesure que les engagements seront respectés et que les risques se concrétiseront pour les entreprises des points de vue opérationnel, de réputation, réglementaire et légal. Nous continuerons à concentrer notre travail d’intégration des facteurs ESG, de mobilisation des entreprises et de promotion des politiques sur la protection de notre capital naturel et l’amélioration de notre engagement à protéger la biodiversité.

Une étude menée auprès de plus de 1 500 sociétés ouvertes a révélé que celles dont le conseil d’administration compte plus de femmes étaient plus susceptibles de réduire les perturbations causées à la biodiversité.

https://www.triplepundit.com/story/2013/having-women-corporate-boards-increases-profits-and-sustainability/50046

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